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Editorial Septembre 2013


La grève agraire en Colombie


La lutte des paysans et des dignités

C'est ainsi que les agriculteurs colombiens nomment leur mobilisation actuelle : "une lutte pour la dignité". Ce fait est tellement important que ce n'est pas seulement leur slogan central, il évoque également la reconnaissance, l'oubli, la justice et l'équité concernant leur situation déjà bien détériorée, atténuée en plus  par L'État colombien tout au long d'une longue histoire de luttes,  et maintenant au XXI siècle à travers les accords de libre échange qui touchent principalement ce secteur de la population et le pays en général.

La situation n'est pas simple si l'on prend en compte l'histoire. La Colombie est peut-être l'un des seuls pays en Amérique latine où il n'y a pas eu une réforme agraire re-distributive du foncier ; depuis sa constitution coloniale, en passant par son indépendance, la République et les gouvernements démocratiquement élus, le mécontentement et le  problème central de la possession et de la productivité de la terre ont non seulement dégradés les relations mais ont également motivés, au plus profond de leurs pratiques sociales, l'émergence de luttes et de résistances.

En ce nouveau millénaire, notre XXIe siècle, comme les questions foncières ont été cachées elles se sont également créées, d'une certaine manière, leurs propres portes de sortie. Cette « cocotte-minute », et cette instabilité constante pour le secteur paysan, a été approfondie comme le laisse apparaître un rapport appelé  «Équité et efficacité dans les zones rurales en Colombie: une discussion des politiques pour l'accès à la terre », qui montre clairement que la situation de la propriété rurale est très inéquitable et même pire, car la concentration  des terres s'approfondit entre 2000 et 2011, si l'on rajoute la question de l'occupation informelle, dans laquelle 44,7% des propriétaires n'ont pas de titres officiels de propriété et seulement deux de cinq ménages ruraux ont accès à la terre avec une moyenne - très faible pour le pays - de 9,3 hectares et une grande dispersion dans les tailles.

Être lié au marché mondial sans aucune boussole éthique, échanger avec des économies qui protègent leurs différents secteurs productifs, commercialiser dans des conditions inégales, sans avoir régler les problèmes internes et sans aider les plus démunis à avoir un réel accès à une qualité de vie, ce sont les plus grands déclencheurs de cette grève. C'est ainsi que les « dignités » se sont unis. D'abord les producteurs de pommes de terre, « les paperos», d'oignons, qui traditionnellement produisent leurs activités dans les départements andins du pays, au sud Boyacá et de Nariño, à la frontière avec l'Équateur , et puis la dignité de la canne à sucre et des « paneleros» , dans les départements de la vallée du Cauca, (centre et sud), les producteurs de café de six départements, les petits mineurs qui revendiquent leur dignité, il lutte contre l'ignorance à laquelle ils sont confrontés et à l'ouverture à grandes sociétés minières du monde.

Maintenant, la grève prend son envol dans la mesure où le gouvernement a répondu de la manière la plus basique et dégradante, par la force et l'indifférence. Le président Santos a déclaré au deuxième jour de grève «Je m'attendais qu'elle soit (la grève) plus forte » et bien sûr, le lendemain, les camionneurs ont rejoint le mouvement ; après deux semaines c'étaient le tour des étudiants, des syndicats et même la classe moyenne urbaine, qui transforme alors la grève  paysanne en une grève nationale et civique, un phénomène qui ne s'était pas présenté avec ces caractéristiques depuis 1977.

Cette grève a également permis de rendre visible d'autres secteurs traditionnellement mis à l'écart comme, par exemple, les populations indigènes et africaines, qui travaillent depuis très longtemps la terre afin de la rendre productive en fonction de leurs perspectives culturelles ;  ces populations ont été la  cible  des groupes armés, des grandes entreprises, des multinationales et des paysans eux-mêmes parfois. D'autres secteurs ont rejoint les manifestations, avec leurs propres slogans , leurs propres requêtes, que ce soit les chômeurs, les sans-abris, les gens ordinaires, tout le monde a quelque-chose à dire.

Mais il ne faut pas oublier que ce pays est le pays de Macondo et de Cent ans de solitude, où les problèmes se règles d'abord en famille et ensuite avec les différents secteurs compromis,  où les formalités prévalent sur les réalités et où, probablement, il faudra beaucoup du temps pour reconstruire le tissu social ; alors les deux parties concluront sur des accords ou la logique de nos propres dynamiques sociales feront que ces accords seront une fois de plus insatisfaits, mais aussi elle fera revenir la résistance, cet éternel outil pour atteindre l'équilibre. Pendant ce temps, les leçons des actions présentes seront les avancés pour se confronter aux mouvements futurs.

Cette grève agraire en Colombie nous invite à poursuivre la réflexion et à contribuer à ce que nous considérons comme plus important et de plus vivant dans notre société, aujourd'hui et dans l'avenir. Il est impératif d'agir maintenant, notamment sur la question de la gestion des  ressources naturelles et du bien commun comme alternative à la financiarisation, à la gestion responsable des écosystèmes, à l'utilisation correcte des semences, à l'utilisation équitable des terres et à la richesse de préserver l'eau et la vie comme le principal moteur du développement, parce qu'il ne faut pas attendre à faire quelque chose parce que nous n'avons rien. Activons-nous, au mois d'octobre,  et luttons pour nos biens communs !

Diego Escobar Díaz
Colombien. Chercheur au Programme d'Innovation, Interculturalité et Développement en Amérique latine. À l'Université Nationale de San Martin à Buenos Aires.

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