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Editorial Janvier 2014


L'Année Internationale de l'Agriculture Familiale : une occasion exceptionnelle pour avancer vers le changement du modèle de civilisation

 

l'Année internationale de l'Agriculture Familiale, l' AIAF, a été inaugurée le vendredi 22 novembre dernier aux Nations Unies, à New York, avec la participation de José Graciano da Silva, directeur de la FAO et des délégués d'organisations paysannes de différentes régions du monde. Ce même jour, et en décembre, plusieurs évènements de lancement de l'AIAF se sont déroulés dans d'autres pays. En ce moment même, janvier 2014, plusieurs villes accueillent des activités programmées autour des semences, des transgéniques et de la commercialisation des aliments.

L'Assemblée des Nations Unies, lors de sa session plénière réalisée le 22 décembre 2011, avait approuvé la proposition des organisations de la société civile de déclarer 2014 comme l'Année Internationale de l'Agriculture Familiale afin de « promouvoir, dans tous les pays, de vraies politiques actives en faveur du développement durable, des systèmes agraires basés sur l'union familiale, de favoriser des orientations pour leur mise en place, d'amplifier le rôle des organisations agraires, paysannes et de pêche artisanale, et de sensibiliser l'ensemble de la société civile sur l'importance d'encourager l'agriculture familiale. Tout cela dans la perspective de la lutte contre la pauvreté, la recherche de la sécurité alimentaire et d'un milieu rural vivant basé sur le respect de l'environnement et de la biodiversité. »


Le projet de Résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies a été présenté par les Philippines et co-parrainé par l'Argentine, l'Australie, le Bangladesh, la Bolivie, le Brésil, Brunei, Cuba, la Colombie, l'Équateur, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Honduras, l'Inde, l'Indonésie, le Kazakhstan, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Nicaragua, le Niger, le Pérou, Saint Vincent et Grenades, les Seychelles, Sierra Léone, Singapour, les Iles Salomon, l'Espagne, le Sri Lanka, la Thaïlande, le Timor Oriental, le Togo, le Turkménistan, l'Ukraine, la Tanzanie, l'Ouzbékistan, les Vanuatu et le Vietnam.

La déclaration de 2014 AIAF est le résultat d'une large mobilisation sociale, qui a débuté en 2008, où 355 organisations paysannes, de peuples originaires et de centres de développement de 60 pays des cinq continents se sont impliqués et ont reçu l'appui du Forum Rural Mondial, le FRM.

Sans aucun doute, l'Agriculture Familiale Paysanne, AFP, joue un rôle significatif dans l'approvisionnement des aliments des villes (autour de 65%), qui inclut 1500 millions de femmes et d'hommes paysans travaillant sur près de 404 millions de parcelles de moins de deux hectares, dans différents pays du monde. Mais il n'est pas en trop de rappeler qu'approximativement 150 millions de personnes sont bergers et 100 millions sont issus de la pêche artisanale. Globalement, près de 370 millions d'agriculteurs familiaux font partie de communautés indigènes et des peuples originaires.

Le rôle des femmes dans l'AFP a été traditionnellement important de par leur participation sur toutes les phases et activités productives, mais également de par leur contribution à l'économie destinée à protéger les membres de leur famille. Cette participation a augmenté ces dernières années dû à une hausse des migrations campagne-ville, et comme conséquence à des conditions économiques et sociales difficiles dont subit la majorité des agricultures familiales dans le monde.

Les apports de l' AFP sont également significatifs concernant la récupération et libre circulation des semences anciennes, la conservation de l'agro-biodiversité et la reproduction des systèmes écologiques des différents territoires du monde.

Si bien la révolution verte, qui commencé dans les années soixante du siècle dernier, a aussi introduit la technologie mécanique et l'agrochimie entre les petits producteurs, actuellement les différentes formes d'agriculture familiale sont intéressées à développer une production propre, organique, pour une auto-consommation familiale mais également pour la vente sur le marché.

Au regard des perspectives macroéconomiques, les apports de l'AFP dans la création d'emploi, de meilleurs revenus et de la participation au produit intérieur brut agricole sont très significatifs.

Malgré cela, les politiques publiques de la majorité des pays du monde ne font pas bénéficier de prix de soutien à la production de l'agriculture familiale, ni de crédit différencié ou d'appui technique aux producteurs. L'investissement public s'oriente vers la mono-production de commodities pour l'exportation, ayant pour effet que la pauvreté et la malnutrition dominent les campagnes.

L'AFP joue un rôle stratégique dans le changement des politiques rurales, et spécialement dans les politiques d'éradication de la pauvreté, comme on le voit au Brésil, en Bolivie et en Équateur. Ces dernières années, certains pays ont proposé, et sont en train d'exécuter, des politiques inter-sectorielles permettant que les programmes de protection sociale destinés aux enfants et aux personnes âgées puissent utiliser des aliments issus de l'agriculture familiale.

Actuellement il y a débat, dans un nouveau contexte, sur le rôle de l'agriculture familiale dans le changement de la matrice productive des campagnes. Il y a ceux qui parient sur la hausse de la production agricole par le biais d'une plus grande spécialisation et d'un investissement majeur dans les énergies fossiles (agrochimiques de différents types) et les semences transgéniques ; mais la majorité des producteurs d'aliments proposent d'amplifier les agricultures familiales paysannes par des politiques différenciées d'accès à la terre et à l'eau, au crédit, à l'assistance technique, à la formation, à la commercialisation et à la libre circulation des semences anciennes, comme le fait déjà la Réunion Spéciale d'Agriculture Familiale - REAF du Mercosur. Dans cette même perspective, et suite à une sérieuse étude dans différents continents, le Rapporteur Officiel des Nations Unies pour le Droit à l'Alimentation, le professeur belge Olivier De Schutter, propose une transition vers l'agro-écologie comme politique stratégique, permettant d'assurer l'accès à une alimentation saine pour la population mondiale, et comme instrument permettant de contrôler le changement climatique en diminuant la production de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, l'AIAF est une occasion exceptionnelle d'élaborer, développer et exécuter des politiques agricoles publiques centrées sur l'agriculture familiale et dans l'agro-écologie, à différents niveaux de gouvernance : locale, nationale, régionale et globale.

 


 

Fernando Rosero Garcés
Docteur en Sociologie à l'Université de Paris, professeur universitaire et coordinateur du Centre Andin pour la Formation de Leader Sociaux, CAFOLIS, www.cafolis.org


 

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