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Éditorial Août 2014

 

Au Guatemala, une violence nie le droit des peuples indigènes au développement


 

 

 

Le 17 juin dernier, à la demande de la Communauté Maya Ixil Visikichum de la municipalité de Chajul, dans le nord du département Quiché au Guatemala, les travailleurs de l'entreprise transnationale Grupo Terra, propriétaire d'Hidroeléctrica Hidroxacbal s.a et construite il y a plusieurs années dans cette région, ont fait part de leur préoccupation sur l'imminente destruction environnementale et sociale que causera la construction d'une nouvelle centrale hydroélectrique située à moins de cent mètres de la communauté Visikichum.

Lors d'une seconde réunion, le 1er juillet, les travailleurs ont eu recours au Système National de Dialogue et la COPREDECH (Commission Présidentiel des Droits de l'Homme) qui, invariablement, plaident pour le capital et les intérêts des entreprises.

Le point marquant de cette réunion fut la prépotence et le racisme de l'entreprise à l'encontre des représentants des Communautés Maya Ixil à travers l'offre de 20 plaques de zinc, de mauvaises qualités, à chaque famille et de quelques pots de peinture pour l'école de la Communauté où s'est déroulée la réunion

Les Communautés Maya Ixil des municipalités de Chajul, Cotzal et Nebaj, tout comme d'autres peuples du Guatemala, se confrontent quotidiennement à la présence abusive des entreprises transnationales.


Hidroxacbal s.a. Produit, depuis 2007, 94 MW/heure. Face aux réclamations de la population, l'entreprise a offert des routes, des hôpitaux, des écoles et des habitations, et ont même offert de laisser 10 MW pour les besoins en énergie de la population, le temps qu'elle puisse terminer des constructions qui n'ont jamais vues le jour finalement. La même entreprise, maintenant, a proposé de reconstruire quelques 500 m de la rue centrale de la communauté de Txe'l, et profitant de l'extrême pauvreté de la population pour acheter leurs terres, détruire l'unité de la communauté et dévaloriser les autorités et les leaders de la communauté qui cherchent à éviter à tout prix la destruction environnementale et sociale causée par la construction de la Centrale Hidroxacbal Delta.

Dans la municipalité de Cotzal, le 3 janvier 2011, les Autorités Ancestrales ont paralysés le transport de l'entreprise Enel, italienne, propriétaire d'Hidroeléctrica Palo Viejo, et qui offrait également différents projets non accomplis. L'entreprise obligea le gouvernement d'Alvaro Colom de mettre en place trois opérations militaires et policières, avec près de 500 effectifs des forces de l'ordre dans chaque, hélicoptères, bombes lacrymogènes, radio-patrouilles et ordres de détention à l'encontre des Autorités Maya Ixil. Le 2 mai de cette même année, les Autorités Maya Ixil ont ouvert un dialogue avec Enel, cette dernière offrit et donna quelques 25000 plaques de zinc, du calibre le moins épais et en accord avec leur programme de « toit minimum », et ont également entrevue la possibilité que des entrepreneurs italiens puissent ouvrir des crédits à la population, le tout pendant que la construction de la centrale Palo Viejo puisse se finir. 2012 marque le début d'une campagne de diffamation envers les autorités Maya Ixil, tout en abandonnant le dialogue et en cooptant la municipalité.

La centrale hydroélectrique Palo Viejo des italiens d'Enel produit 84 MW/heure et des estimations rendues publiques parlent de plus de 300 millions de quetzals, près de 30 millions d'euros, de bénéfices. De par la lutte des Autorités Maya Ixil, l'entreprise renversa alors à la municipalité 2,3 millions de quetzals à l'année, près de 220 000 euros. Hidroxacbal s.a. assure avoir donné de l'argent au maire précédent et à l'actuel la somme de 1,8 millions de quetzals, soit 171 000 euros. Près de 60% de la population des trois municipalités ne compte pas avec un service d'électricité alors que ses montagnes, rivières et forêts produisent plus de 178MW/heure.

 

Le 7 juillet 2014, le maire indigène de Nebaj interpose un recours de protection à la Court Suprême de Justice à l'encontre du Ministère de l'Energie et des Mines et à l'entreprise Las Brisas, pour leur autorisation à la construction d'une centrale hydroélectrique – du même nom – et avec une claire violation du droit envers le peuple Ixil.


En comptant le dernier, ce sont cinq recours de protection que les Autorités Maya Ixil ont interposés depuis 2011, aucune réponse au jour d'aujourd'hui n'a été donnée par la Court Constitutionnelle. Certaines rumeurs laissent entendre qu'une pression des entreprises transnationales touche les magistrats. La Court Constitutionnelle a annulée le 20 mai 2013 la sentence contre Rios Montt pour génocide à l'encontre du peuple Ixil dans les années 80' suite aux pressions des militaires et des entreprises liées à ce génocide.

Après la guerre interne entre 1960-1996 qui essaya de les exclure, les exploiter, les déposséder et les discriminer, les Communautés Maya Ixil ont commencé un processus de reconstruction, de gouvernance et de développement en récupérant leurs savoirs et pratiques ancestrales dans le respect de la mère Terre, la récupération de l'agriculture maya pour une alimentation saine et la souveraineté alimentaire, le renforcement de notre identité et de notre culture maya millénaire, dans nos tissus et nos coutumes, tout comme dans la formation des jeunes acteurs du Tiichajil, le développement humain en langue maya Ixil.


Les Communautés Maya Ixil cherchent à panser les plaies des 114 massacres, des terres saccagées, la destruction et le génocide que l'Etat du Guatemala a commis à l'encontre du peuple Ixil et d'autres peuples indigènes. Le 16% de la population fût massacrée (CEH, 1999).


Au delà de l'exercice des droits collectifs et individuels que font les communautés Maya Ixil pour la récupération de la vie dans les communautés, et en harmonie avec la mère nature, avec la bénédiction quotidienne de sa bonté de nous procurer nos aliments, et à continuer les enseignements ancestraux de manger ce que produit notre labour, les communautés ont utilisé les droits constitutionnels et les instruments internationaux comme la Convention 169 de l'OIT et la Déclaration des Nations Unies sur les Peuples Indigènes, qui ont pour but que l'Etat et les entreprises reconnaissent et respectent ces droits.


Les actions légales initiées par les communautés et autorités Maya Ixil cherchent à rétablir les droits, entres autres :

 

  • Sur les terres et les territoires communaux et ancestraux depuis plus de mille ans.
  • Protéger et vivre en harmonie avec notre terre, comme nous ont appris nos grand-parents ; ce qui est appelé « l'énergie propre » détruit nos montagnes, nos forêts, les animaux, la biodiversité, les rivières en amont et en aval des barrages.
  • Les entreprises ne font pas d'études d'impact environnemental, social et culturel, la majorité de leurs études sont des recyclages d'autres études, qui ne reconnaissent ni les risques ni l'impact que causent les centrales hydroélectriques et les mines.
  • L'énergie électrique que produisent les centrales hydroélectriques ne font que rendre plus riche de petits groupes des grandes richesses et causant plus de pauvreté à nos communauté et peuples indigène.
  • NI l'Etat, ni les entreprises établissent des mécanismes qui puissent garantir la réparation des dommages causés par la construction des centrales hydroélectriques aux communautés, à la montagne et aux forêts.
  • Pouvoir décider la manière de développer nos communautés, nos peuples et notre pays qui, en accord avec notre cosmovision et pratique maya, nous permettent de décider de façon libre.

 

Les actions légales dénoncent également les entités de l'Etat du Guatemala pour qu'elles puissent reprendre la nature de son rôle. Quand l'Etat du Guatemala cessera d'être excluant, raciste et génocidaire ?

Nous continuons de frapper les portes des Nations Unies pour que les Droits de l'Homme puisse entrer en vigueur, pour contrer l'attitude des entreprises transnationales dans notre communauté et notre peuple.

Encore une fois, la résistance des communautés et des peuples indigènes du Guatemala récupèrent la sagesse et les pratiques ancestrales, elles cherches inlassablement à construire le bon vivre, vivre bien, le tiichajil en langue maya Ixil.



Pablo Ceto
Maya Ixil.
Ingénieur agronome, Vice-recteur de l'Université Ixil, représentant de la Fondation Fundamaya et membre de l'APMM (Association des Peuples des Montagnes du Monde).


En savoir plus:

- Article: Information sur l'Université Ixil

- Vidéo: Entretien de Pablo Ceto aux Rencontre de Guérande sur les Biens Communs


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