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La gestion de la coquille Saint-Jacques en Baie de Saint-Brieuc: La construction collective d’une pêcherie responsable

ECADIM: La gestion de la coquille Saint-Jacques en Baie de Saint-Brieuc : La construction collective d’une pêcherie responsable
@Violaine Merrien

 

Une ECADIM réalisée par Bastien Malgrange.

Institut Universitaire Européen de la Mer, Université Occidentale de Bretagne, Master « Sciences de la mer et du Littoral »

Mention « Expertise et Gestion de l’Environnement Littoral ». Encadrement Alain Le Sann (Collectif Pêche & Développement). Septembre 2009.

 

Dans les années 1960, des pêcheurs preneurs d’initiatives ont orienté la communauté vers l’encadrement de leur pêcherie. Aujourd’hui, l’exploitation de la coquille St-Jacques en Baie de St-Brieuc est un exemple de gouvernance et de gestion durable d’une filière de pêche artisanale.

 

RESUME:

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la baie de St-Brieuc regorge de praires, dont le stock est largement exploité par les pêcheurs locaux. La ressource semble tellement prolifique que l’exploitation est pérenne dans tous les esprits. Cependant, dans les années 1950, le stock s’effondre pendant que, de façon naturelle, la coquille Saint-Jacques s’installe dans la baie. A la fin des années 1950, la praire n’est quasiment plus exploitée et les pêcheurs commencent à cibler la coquille Saint-Jacques dont la ressource est en pleine expansion.

 

L’hiver 1962 - 1963 fut particulièrement rigoureux. Le stock de coquille Saint-Jacques de la rade de Brest, pourtant abondant jusqu’alors, est décimé. Il s’en suit, dans les années qui suivent, un considérable report de l’effort de pêche de la rade de Brest vers la Baie de Saint-Brieuc, dont le stock de coquilles a mieux résisté et est resté productif. D’années en années, le nombre de navire augmente et les pêcheurs commencent à prendre conscience du besoin d’encadrement de leur pêcherie. « Si l’on continuait à pêcher la coquille comme on avait pêché la praire, on allait dans le mur. Pour nous, il était évident que si l’on n’encadrait pas la ressource et son exploitation, on allait à la catastrophe », raconte Georges Brezellec, pêcheur retraité.

 

Dans la fin des années 1960, on ne pêche plus qu’en semaine et seulement du lever au coucher du soleil. Puis la pêche est réduite à 4 jours par semaine et ce, pendant 6h par jour. En 1972, les débarquements s’élève à 12 000 tonnes (l’apogée de la productivité du stock) et plus de 450 navires exploitent la Saint-Jacques. Aux termes de longues réflexions, il apparaît aux pêcheurs que le moyen le plus efficace pour encadrer durablement la pêcherie est la création d’une licence de pêche. Elle est mise en place en 1973 et est attribuée à 469 navires.

 

Progressivement, l’aménagement de la pêcherie se construit, entre pêcheurs et en collaboration étroite avec les scientifiques d’Ifremer, les collectivités locales, les systèmes de commercialisation en aval, etc. Le contingent de licences attribuées, de plus de 400 dans les années 1970, a été diminué jusqu’à 250 aujourd’hui. Les mesures restrictives d’accès à la pêcherie ont été renforcées (taille et puissance des navires, caractéristiques des engins, etc.), des zonages ont été mis en place, le système de régulation horaire a été optimisé et aujourd’hui la pêche reste rentable en ne pêchant la coquille que 2 fois par semaine pendant 45 min. De plus, les pêcheurs, en payant leur licence, financent l’affrètement d’un avion qui est mis à disposition des affaires maritimes pour le contrôle de leur propre pêcherie. A terre, l’excédent de production ne trouvant pas preneur pour une vente en frais est envoyé aux usines de décorticage et de congélation de St-Quay Portrieux et Erquy.

 

Depuis plus d’une dizaine d’années, le nombre d’exploitants reste constant, et la production rentable. Même si le stock est soumis aux aléas naturels de recrutement, l’exploitation et le marché aux aléas conjoncturels, la gestion de cette ressource est un exemple remarquable de gouvernance. La construction de cette gestion fonctionnelle repose sur des preneurs d’initiatives et des passeurs d’innovations qui parviennent à insuffler au groupe un élan alternatif à la tendance naturelle et ainsi aboutir à une pêche rentable, génératrice d’emplois et respectueuse de l’environnement. 

 

Voir aussi:

Site web Comité local des Pêches Le Guilvinec, link.

Some elements of a sociology of translation: domestication of the scallops and the fishermen of St Brieuc Bay. Michel Callon, link.

 

 

Langue de l'ECADIM : francais 

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Docs multimédia associés

Video: Baie de Saint-Brieuc: la coquille rattrapée par la crise.  21 Février 2009
La coquille Saint-Jacques en baie de Saint-Brieuc : une pêche atypique. 26 novembre 2009
Reportage Photo de Violaine Merrien(Chargée de mission au Comité Local des pêches de St-Brieuc, antenne de St Quay Portrieux)