¿Lo sabía usted?

La gestion en bien commun constitue aujourd’hui un patrimoine millénaire de connaissances citoyennes, de savoir-faire et de formes d’organisation et de régulation qui se projettent vers l’avenir - Voir la rencontre de Guérande. Lire+

Les communs en Afrique : la culture à la rescousse



11/03/14

Une soirée au cours de la rencontre de Guérande (octobre 2013), un bon groupe de participants composé essentiellement de ressortissant d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Europe a échangé sur la relation entre les cultures des peuples et le respect de leurs communs. Lors de cet échange, il est apparu que la tendance dominante de dissocier l’homme des objets matériels et immatériels qui l’entourent cause un énorme tort à l’humanité. La suprématie arrogée à l’homme pour dominer et asservir la nature à son service est à l’origine de la surexploitation des ressources naturelles et de la spoliation des communs. Pire, « l’homme moderne » obnubilé par l’accumulation ne se contente plus d’asservir la nature à son service mais aussi l’homme qui, dans cette logique, devient un simple outil de production comme les autres.

Lors de la réflexion sur le positionnement stratégique et méthodologique de l’ADEPA en décembre 2013, il a été relevé que le mal qui est en train de tuer la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest est la dépossession des communautés de pêche des pouvoirs qu’elles avaient sur la gestion de la pêche artisanale. « Les communautés de pêche à l’instar des sociétés africaines ont subi et subissent encore des transformations socio-économiques qu’elles maîtrisent mal, ce qui les a amenées à abandonner des arrangements socioculturels qui permettaient de gérer de façon consensuelle les ressources halieutiques, par exemple le respect du repos biologique inscrit dans les tabous, que l’on ne retrouve encore aujourd’hui que chez de rares communautés de pêche continentale. Les pêcheurs artisans, ne se sentant plus obligés de respecter les règles sociales qui encadraient traditionnellement leur profession, ont tout simplement basculé dans la surpêche qui s’est accrue ces derniers temps avec la motorisation toujours plus forte des pirogues, l’utilisation des engins et produits prohibés (filet monofilament, explosifs, produits chimiques, etc.) ».1 La levée et/ou l’ignorance de l’interdit fait que la mangrove, lieu de frayage et d’alevinage par excellence, est entrain d’être décimée pour servir de bois de chauffe alors que naguère il était formellement interdit d’amener à la maison ne fut ce qu’une fleur de cette plante, nous a dit un vieux pêcheur de Joal (Sénégal).

 

En Afrique de l’Ouest et partout ailleurs sur le continent, on trouve, au-delà de la pêche, les exemples où la culture a servi de rempart pour contrer l’exploitation abusive des ressources naturelles en général et des communs en particulier. Pour s’en convaincre, il suffit de penser aux bois, aux plans et cours d’eau sacrés, aux animaux totems, aux espèces animales et végétales protégées, à le réglementation des périodes de pêche, aux interdits alimentaires, etc. Le modernisme est entrain d’ensevelir toutes ces valeurs culturelles salutaires. Une réflexion sur la culture et les communs en Afrique n’est donc pas un effet de mode mais une nécessité urgente.

 

Le recours à la culture pour sauver les communs n’est pas un retour en arrière, encore moins une fuite en avant. C’est tout simplement un changement de logique qui s’impose en ces temps de crises : crise alimentaire, crise économique, crise écologique… L’humanité doit se ressaisir et trouver dans ses ressources culturelles les solutions de son salut.

 

Je terminerai par cette citation tirée du livre de Frédéric Lenoir « la guérison du monde ».2 « Cette complexité croissante que nous percevons tout au long de l’histoire de l’Univers est-elle viable ? Quinze milliards d’années d’évolution pour l’avènement d’un être capable de découvrir l’origine de l’univers dont il est issu, de déchiffrer les comportements des atomes et des galaxies, d’explorer le système solaire, de mettre à son service les forces de la nature, mais incapable de se mobiliser pour empêcher sa propre élimination ! Voilà en résumé, le drame auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. »

 

Charles BAKUNDAKWITA
Appui et accompagnement aux organisations professionnelles OP de la pêche artisanale en Afrique de l'Ouest. Membre de l'ADEPA Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale et un des piliers du pôle Afrique de l'université internationale Terre Citoyenne - UiTC.

 

1 Extrait du document de positionnement stratégique et méthodologique de l’ADEPA, décembre 2013.

2 Frédéric Lenoir, la guérison du monde, Fayard, octobre 2012, page 76.

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