Les ressources halieutiques n’appartiennent à personne à priori, la mer étant culturellement un domaine tantôt qualifié de res nulius, tantôt de mare nostrum. Tout le monde peut donc en théorie tirer profit des fruits qu’offre la mer. Cela a depuis tout temps conduit à une compétition entre les Hommes pour s’accaparer ces richesses : le gagnant étant le plus rapide, le plus habile, le plus malin à capturer les produits de la mer. 

Les zones de pêche jusqu’alors restées inaccessibles –parce que trop éloignées ou trop profondes- devenaient rapidement de nouveaux terrains de chasse. Les poissons étaient alors traqués jusque dans leur dernier retranchement. Cette activité irraisonnée a engendré un déséquilibre tel qu’en 2008 les Nations Unies estimaient que près des trois quarts des stocks de poissons sauvages utilisés dans le monde étaient alors exploités à leur niveau maximum, surexploités ou menacés de disparition. Il s’agit non seulement de la dilapidation irrémédiable d’un capital environnemental commun (qui nous appartient à tous), mais également d’une catastrophe économique et sociale sans précédent pour les acteurs qui exploitent ces ressources de manière raisonnée depuis toujours : les pêcheurs artisans.