Compte rendu Armelle Lainé, Agrocampus site de Beg meil et Fanny Brun, Collectif Pêche & Développement

Rencontre avec Erwann Tonnerre, producteur d’Ormeaux

Depuis un an, Erwan Tonnerre vend les ormeaux de son élevage, créé il y maintenant trois ans sur l’île de Groix. Ce coquillage est produit dans des bacs en chambre noire  et est commercialisé entre 4 et 7 cm (tel que le ramassaient les anciens, car ce coquillage est d’autant plus tendre à cette taille et non pas à plus de 9 cm comme la réglementation de pêche l’exige de nos jours). Cet élevage est délicat (30 % de mortalité), et sa croissance est longue Il faut 3 ans pour atteindre cette taille commercialisable. Seuls 4 élevages existent en France, à Groix, Erwan Tonnerre après 15 ans d’expérience en aquaculture en Irlande, Australie et Nouvelle-Zélande, a opté pour un élevage en bassins.

D’immenses aquariums de 300 m3 d’eau de mer (16 à 18°C), abritent les naissains d’ormeaux (1 cm à l’âge de 6 mois). Tout un système de pompage et de recyclage de l’eau a été mis en place. Autour de Groix, loin du continent, l’eau de mer est une des dernières en qualité A. Les Ormeaux sont nourris aux algues  cueillies sur la côte et aux algues lyophilisées bretonnes (bio sans OGM), ils croissent lentement et naturellement en aquaculture raisonnée.

L’espèce européenne de l’Atlantique (Haliotis tuberculata) est la plus recherchée en gastronomie. Depuis Groix, ce produit rare est expédié dans toute la France dans des boîtes isothermes le conservant 72h. Avec une tonne par an, Erwan Tonnerre vise essentiellement le marché français. Il transforme également ce produit en rillettes ou en matelotes dans son atelier.

Erwann Tonnerre est aussi le président de l’association des producteur de l’île. Cette association a pour but de mettre en avant des intérêts communs,  principalement pour rechercher des coûts de transports de marchandises plus intéressants vers le continent et inversement.

Rencontre avec Eric Regenermel, maire et médecin de Groix

L’objectif de cette rencontre était de mettre en avant le courage politique de la municipalité qui a fait un choix de développement, un choix parfois contesté par les Groisillons, qui porte sur la revalorisation des activités primaires et la solidarité économique des acteurs locaux.

Groix compte 2500 insulaires, une population principalement regroupée entre Port Tudy, Le Bourg et Locamaria. L’île s'étire sur huit kilomètres de long et trois de large soit une superficie d'environ 1500 hectares. Groix a été pendant soixante dix ans, entre 1870 et 1940 le 1er port français d'armement au thon germon (thon blanc) Les nombreux thoniers (environ 300, soit à peu près les 3/4 de la flottille française en 1914) débarquaient leur pêche sur l'île où étaient installées les conserveries. Le déclin de la pêche au thon s'est amorcé entre les deux guerres. Jusqu’alors Groix était considérée comme une île de marins.
Après guerre, le remembrement et l’arrivée d’agriculteurs du continent a modifié le paysage. Cette agriculture conventionnelle importée a suivi le cours des directives agricoles. L’arrivée de fruits et légumes moins chers du continent a petit à petit réduit l’activité vivrière des uns et des autres. La déprise agricole a pris place.

Ainsi la disparition de l’agriculture mène à la disparition des paysages et à la perte de la biodiversité locale par la fermeture des milieux « naturels ».
Beaucoup d’îles font le choix du développement touristique comme économie locale. La municipalité actuelle a, elle, fait le choix de permettre l’installation des jeunes en aquaculture, en agriculture et dans le domaine de la pêche non sans difficultés.